Accueilions

Jean-François FLAMAND


Expositions



Écriture



Actualité



Peintures


Sculptures



Contact
Saint François du Désert
« Oui… la relique est conservée ici » dit un moine au visage émacié, à Corto Maltesse, aventurier à la recherche des sept villes d’or de Cibola, et de dérouler une carte dessinée sur la peau parcheminée d’un frère franciscain supplicié par les Indiens Jivaro Huambiza.
Sur ces traces et pour d’autres raisons, nous tentions de nous rendre à saint François du Désert, sur la lagune de Venise où jadis François le Povero aborda et construisit un oratoire qui devint par la suite monastère.
En Italie, toute somme exprimée en lires devient exorbitante ; mais là, nous fûmes effrayés par le prix demandé par le taxi vedette qui seul permet d’accéder à ces lieux de méditation.
Un tour du port à la recherche d’une plus modeste embarcation demeura vaine ; on nous conseilla même discrètement de renoncer à notre entreprise ; mais il était trop tard pour infléchir le destin et nous payâmes le prix fort.
Après un court voyage à plein régime, nous étions rendus à l’embarcadère où nous attendait un saint homme qui accepta avec simplicité notre modeste don, mit en sûreté dans un placard notre bagage et nous guida à travers le monastère.
Nous admirâmes la qualité des crépis fraîchement rénovés, la perfection des dallages, le brillant des toits refaits à neuf, parcourûmes rapidement le cloître et par les jardins, nous fûmes de retour à la vedette qui en un instant nous ramena à Torcello.
Nous avions oublié notre bagage ! Il fallut revenir ; il fallut repayer.
A l’embarcadère notre moine nous attendait les bras levés en signe de commisération ; mais malgré la sincérité de son expression, nous crûmes percevoir comme une connivence.
Ma mère, en choisissant mon prénom, me mit sous la protection de François d’Assise et j’ai pu au cours de ma vie reconnaître la présence de celui qui, dit-on, parlait aux oiseaux. Cette fois encore, je compris, malgré le dépit d’avoir été roulé, qu’une leçon m’était adressée et que, si l’argent facilite la matérialité du voyage, il ne peut à lui seul permettre de trouver ce que l’on cherche.
JF Flamand novembre 1998

Tous droits réservés, Jean-Francois Flamand, janvier 2005.